C’est à la fin des années 1820 que naît à Laguiole, petit village de montage de l’Aveyron (sud ouest de la France) un modeste couteau de paysan. Ce couteau est né d’un mélange de 2 modèles : le capuchadou et le Navaja. Le Capuchadou était un couteau utilisé en Aveyron. Il consistait en une lame fixe et pointue emmanchée sur un morceau de bois. Le Navaja était un couteau de poche pliant à cran d’arrêt rapporté d’Espagne par les pèlerins de Saint jacques de Compostelle. La fameuse abeille, symbole de prestige et de qualité, qui orne son ressort en fera un des couteaux les plus célèbres de France.
Au milieu du XIXème siècle vers 1850, Casimir Moulin, qui fut le premier coutelier installé à Laguiole dès 1828, quitte le plateau de l’Aubrac pour s’installer avec son fils, lui aussi coutelier, à Saint Côme d’Olt. Ils y installeront leur forge et leur coutellerie. Moulin fabriquera à la main du Laguiole dans sa forge, puis s’adressera à Thiers pour y faire réaliser ses couteaux. La coutellerie Moulin fermera vers 1911.
Vers 1874 Antoine Auguste Marin Salettes s’installe coutelier à Espalion, il sera rapidement rejoint par son frère Charles. La famille Salettes très liée à la coutellerie de l’Aubrac est apparentée aux Belmon, aux Pagès et aux Calmels. Le frère d’Auguste Salettes avait quant à lui épousé la fille du coutelier Delrieu d’Espalion. Salettes forgera ses lames dans sa grande forge où il fera aussi de la petite taillanderie.
Salettes fabriquera à la main des laguiole jusqu’en 1930 date à laquelle sa forge sera détruite par un incendie. Dès 1874, il avait sous-traité une partie de sa production à Thiers où il envoyait les gabarits des couteaux qu’il avait mis au point. En 1897, il obtiendra une médaille d’Argent à la Foire Internationale de Marseille pour un couteau d’exception réalisé en commun avec Pagès et Calmels.
Quelques dates importantes :
- 1840 : apparition du poinçon servant à percer la panse des herbivores gonflée d’avoir mangé de l’herbe trop tendre
- 1880 : apparition du tire-bouchon réclamé par les nord aveyronnais partis travailler à Paris comme garçons de café.
La croix des Bergers qui figure sur le manche est la miniaturisation et le symbole de la Sainte-Croix. Le Laguiole était planté dans le pain, la croix faisait office de prière de ceux qui partaient pendant plusieurs mois en transhumance loin des lieux de culte.
- Dès 1880, la qualité de la coutellerie Laguiole est reconnue dans tout le pays. 1909 est une année importante dans l’histoire du Laguiole. C’est cette année que Jules Calmels eu l’idée d’apposer une abeille sur le ressort.
- Pour faire face à une demande de plus en plus importante, la production artisanale est remplacée dès 1930 par une production artisanale et industrielle massive réalisée à Thiers.
- Au début des années 1980, la notoriété du couteau Laguiole s’accroit fortement, entrainant un fort développement des ventes.
- Dès 1987, la municipalité de Laguiole et quelques artisans locaux, souhaitent relancer la production artisanale dans leur ville. Les coutelleries réapparaissent dans la commune. On soigne alors à nouveau la fabrication et le couteau redevient au goût du jour.
- A partir de 1997, près de 400.000 couteaux sont fabriqués chaque année à Laguiole.
La fabrication s’est bien sûr modernisée, mais reste artisanale, chaque couteau étant ajusté à la main. Il est de plus possible aujourd’hui d’offrir un couteau Laguiole entièrement personnalisé (matière du manche, modèle, taille…) avec ses initiales gravées sur la lame ou le ressort (dos du couteau).